Parmi les nombreux seigneurs de Morangis, Joseph François Foullon, est le plus connu. Né le 25 juin 1715 à Saumur, il appartient à une vieille famille de Doué la Fontaine, ce qui lui permet de porter le titre de baron de Doué.
Il exerce la profession d'avocat à Saumur jusqu'en 1740, date à laquelle il quitte la ville angevine pour Paris où il collabore avec le Ministre de la guerre, le Comte d'Argenson. Il acquiert une charge de Commissaire des guerres et participe à la campagne de Flandres entre 1744 et 1747.
Nommé intendant militaire, Foullon sera chargé de l'approvisionnement et du financement des armées en campagne, notamment lors des guerres de succession de l'Autriche et de Sept Ans.
C'est de cette époque que datent son enrichissement et une solide réputation de dureté et d'avidité.
Pour éviter l'inflation sur le blé en cas de mauvaise récolte et son corollaire la famine, l'abbé Terray, alors intendant général essaie de mettre en place, avec Foullon, «une régie des blés». Avec le moulin de Corbeil, «la caisse de Poissy», gigantesque entrepôt, le gouvernement stocke du blé pour ravitailler les parisiens en cas de pénurie. Le secret qui prévaut sur tout ce qui fait sous le règne de Louis XV alimente la légende «du pacte de la faim» entre Louis XV et certains spéculateurs.
L'enrichissement de Foullon renforcera la suspicion à son égard.
C'est en juillet 1768 que les héritiers de Masson de Plissay, châtelain de Morangis, vendent le château et le domaine à Foullon.... Il remet le château à neuf et transforme le parc, plus pour le paraître que pour les besoins, car il ne semble pas séjourner très souvent à Morangis. Il fera construire à ses frais la fontaine, le lavoir et l'abreuvoir sur la place Mauconseil.
En 1786,il fait ouvrir une voie plantée de platanes, qui mène à la route royale de Paris à Fontainebleau. C'est aujourd'hui l'avenue Charles de Gaulle.
Renvoyé par Turgot, nouveau contrôleur général, en septembre 1774, qui dira de lui qu'il avait le mérite singulier d'avoir surpassé les autres en tripotages, il revient aux affaires en 1789. Lorsque la révolution éclate, il est arrêté le 21 juillet à Viry. Le transfert vers Paris sera particulièrement éprouvant pour cet homme de 74 ans.
Il aurait effectué le parcours à pied, du foin dans la bouche, en réponse à sa phrase : «Et bien mangez de l'herbe, mes chevaux en bouffent bien !» lancée à des paysans qui se plaignaient de ne plus avoir de pain. Il est conduit à l'Hôtel de ville où l'attendent Bailly, maire de Paris et Lafayette, chef des gardes nationaux.
La foule n'a pas confiance en la justice et s'empare de lui, le traîne jusqu'à un réverbère pour y être pendu. La corde casse sous son poids, une corde neuve est amenée et il sera pendu une seconde fois. Décapité, sa tête sera promenée dans Paris au bout d'une pique. Les scellés seront apposés sur les biens de Foullon, donc sur le château de Morangis.