Discours de Madame le Maire lors de l’hommage national à Samuel Paty

À qui le tour demain ? 

C’est la question que beaucoup d’entre nous ont à l’esprit.
Vendredi dernier, notre République, notre Pays, une nouvelle fois ont été victimes du terrorisme islamiste.

Le New York Times, journal américain publiait ce texte, après la nouvelle de cette escalade dans l’horreur et l’effroi : 

«  La France incarne tout ce que les fanatiques religieux détestent : la joie de vivre par une myriade de petites choses : le parfum d’une tasse de café et des croissants le matin, de belles femmes en robe souriant librement dans la rue, l’odeur du pain chaud, une bouteille de vin que l’on partage entre amis, le droit de ne croire en aucun Dieu, de flirter, de fumer, de lire n’importe quel livre, d’aller à l’école gratuitement, jouer, rire, se moquer des prélats comme des politiciens et de ne pas se soucier de la vie après la mort. Aucun pays au monde n’a de meilleure définition de la vie que les Français ». 

Tout ce qui constitue notre identité collective est attaqué dans le seul but d’ébranler notre société. Mais depuis 2015, tragique année des attentats de Charlie Hebdo, du Bataclan, de l’Hyper cacher, des cafés parisiens... qu’avons-nous fait pour éradiquer le poison qui se propage partout dans notre société ? 

5 ans après « Je suis Charlie » et en plein procès des attentats, force est de constater que la posture du « pas de vague » a conduit à toute cette dérive, à tous ces renoncements.

Dans nos banlieues les pompiers se font caillasser, les élus sont menacés, les bandes organisées tentent de tuer des policiers - un agent du commissariat de Savigny-sur-Orge est toujours entre la vie et la mort après avoir été percuté lors d’un contrôle la semaine dernière, les professeurs se font molester par les élèves ou par les parents et maintenant un professeur se fait décapiter en pleine rue par un jeune de 18 ans ! C’est tous les corps de nos institutions et chacun d’entre nous qui sommes attaqués !

En plein débat sur la loi sur le séparatisme destiné à lutter contre l’islamisme radical, un professeur se fait décapiter parce qu’il a osé aborder dans un cours sur la liberté d’expression un sujet qui aurait dû être banalisé, car la caricature fait partie de la liberté d’expression.

L’école est le lieu où l’esprit critique des futurs adultes doit se construire. Le savoir être, le vivre ensemble, le respect des autres, le droit de croire ou de ne pas croire tout cela doit s’enseigner à l’école de la République. 

Elle doit être un sanctuaire, un lieu où l’éveil aux autres, l’ouverture au monde, la voie vers l’autonomie priment sur tout le reste. La laïcité n’est pas négociable. S’attaquer à un enseignant, c’est vouloir tuer les fondements mêmes de l’éducation et donc ceux de la République.

Les paroles ne suffisent plus, nous appelons tous à un sursaut général. Nous sommes tous des acteurs de la lutte contre le terrorisme, il appartient à chacun d’entre nous de combattre l’obscurantisme que ce soit dans les écoles, les associations, les clubs de sport ou les lieux de culte. 

La reconquête sera longue mais elle doit commencer dès aujourd’hui, l’institution doit rester droite dans ses bottes. Nous devons rester unis dans cette lutte car de nos divisions, de nos hésitations ils tirent leur force.

Que va-t-il se passer à la rentrée après les vacances de la toussaint, quel dialogue peut s’installer au cœur de nos établissements scolaires ? Nous, élus locaux, sommes aux côtés des membres de la communauté éducative et prêts à s’engager pleinement dans l’éducation à la citoyenneté, au civisme, à concourir à faire des jeunes d’aujourd’hui des adultes éclairés demain. 

Notre présence ce soir en hommage à Samuel Paty, témoigne de l’indignation nationale et de la révolte citoyenne face à la barbarie. 

C’est au nom de la Municipalité, des Morangissois et des Morangissoises que j’adresse toutes nos condoléances à sa famille et ses proches, et réaffirme notre soutien à la communauté éducative.

Notre République repose sur des valeurs de Liberté, égalité, fraternité nous pourrons ajouter désormais celle de la laïcité.

Je vous propose d’observer une minute de silence solennelle à l’issue de laquelle nous entonnerons notre hymne national.
 

Discours de Madame le Maire, Brigitte Vermillet